Le Groupe inter-académique pour le développement (GID) et le Centre International des Hautes Études Agronomiques Méditerranéennes (CIHEAM), avec le soutien de l’Académie des Sciences de France, de l’Académie d’Agriculture de France, de l’Institut Européen des Forêts (EFI) et l’appui technique de l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), ont organisé la Xème Conférence PARMENIDES à l’Institut CIHEAM de Chania (Grèce) du 24 au 26 octobre 2023, intitulée « Les arbres et la forêt face aux changements globaux : les pays méditerranéens à l’avant-garde».
Plus d’une cinquantaine de représentants d’organisations intergouvernementales, d’Académies, d’universités, de centres de recherche, de ministères et d’acteurs de la société civile ont appelé à un fort renforcement de la coopération, et les participants souhaitent mobiliser en ce sens les décideurs méditerranéens.
Dans une région méditerranéenne marquée par le changement climatique et qualifiée de mosaïque dans ses dimensions environnementales, socio-démographiques ou économiques, les intervenants ont débattu de trois grandes questions.
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Comment renforcer les écosystèmes forestiers et arborés méditerranéens et leur potentiel évolutif ?
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Comment optimiser leur gestion en faveur de multiples biens et services tout en s’appuyant sur les synergies entre secteurs d’activités (forestiers, agricoles, pastoraux, touristiques, culturels…) et avec la société civile (avec une attention particulière pour les jeunes) ?
Si les défis à relever par les pays méditerranéens pour assurer l’avenir de leurs espaces boisés sont considérables (dégradations, désertification, incendies, approche bioéconomique sous-estimée, participation insuffisante des forces vives et des communautés locales etc.), les évolutions à l’œuvre en faveur d’une plus grande soutenabilité, durabilité et inclusivité ne manquent pas.
Loin de signifier la recherche vaine d’une conservation à l’identique ou, à l’inverse, des transformations trop radicales, la gestion durable des forêts est le résultat d’efforts d’adaptation raisonnés qui incluent la demande croissante en bois de construction et de chauffage dans une démarche d’atténuation des émissions de gaz à effets de serre.
Dans une zone semi-aride où les effets du dérèglement climatique seront particulièrement marqués, ces efforts appelleront des moyens financiers importants et devront être définis et mis en œuvre en concertation avec les populations concernées, à travers leurs organisations territoriales spécifiques.
En outre, afin d’être acceptées du grand public, ces évolutions doivent faire l’objet d’une communication ciblée visant à informer la société de leur nécessité.
Les discussions ont montré que les contraintes physiques, climatiques et socio-économiques propres aux espaces méditerranéens constituent autant de stimulateurs pour trouver des solutions innovantes aux problèmes qui se posent, la gestion de la couverture forestière étant spécifiquement impliquée dans les enjeux de régulation du cycle de l’eau, de lutte contre l’érosion des sols et de prévention des incendies.
Ces solutions passent par une vision multifonctionnelle, intégrée, de l’espace, construite sur une gestion économe de l’eau. Elles s’appuient sur une complémentarité entre des politiques publiques volontaristes et des initiatives locales fondées à la fois sur une forte expérience et une capacité d’adaptation au contexte futur.
Elles résultent d’un dialogue continu et étroit entre les gestionnaires d’espace, les populations rurales et la société civile. En dépit des crises qui frappent la Méditerranée, elles justifient une coopération renforcée, non seulement au niveau politique et institutionnel, mais aussi en matière de recherches, d’innovations technologiques et socio-économiques, de formation – coopération favorisée par la mise en place d’un espace commun de dialogue et co-construction de projets.
A ces conditions, elles préfigurent les réponses aux questions qui se posent et vont se poser au-delà du pourtour méditerranéen et partout où les enjeux climatiques et sociaux apparaissent de plus en plus prégnants.
Ces réflexions et les recommandations finales seront notamment partagées dans les réseaux des organismes présents et lors d’évènements comme les Conférences des Parties des Conventions des Nations Unies sur le climat, la biodiversité et la lutte contre la désertification. Elles ne manqueront pas d’alimenter les discussions à venir dans les espaces de dialogue et de décision régionaux, notamment la Commission méditerranéenne de Développement durable (CMDD).