François Guinot, président du GID, est intervenu lors de la leçon inaugurale de la 10ème édition du Forum de Fès, autour du thème suivant : « L’investissement dans l’éducation, le savoir et la recherche scientifique : l’enjeu pour le monde arabe ». Cette 10ème édition a eu lieu les 22-23-24 novembre 2013 à Fès, sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohamed VI.

Les Forums de Fès

Depuis sa création, le Centre Marocain Interdisciplinaire des Etudes Stratégiques et Internationales (CMIESI) est devenu une référence en Méditerranée et partout dans le monde en matière de réflexion, d’étude, de recherche, d’expertise pluridisciplinaire, traitant des problématiques stratégiques, diplomatiques et internationales complexes. L’équipe du CMIESI est constituée de plus de 300 experts dont plus de 60 nationalités différentes. Par ses nombreux rapports avec des universités, instituts, centre de réflexion et de maturité d’idées, le CMIESI a su constituer un réseau de spécialistes à travers le monde, lui permettant d’élargir conséquemment ses champs d’activités.

Les forums du CMIESI sur la Méditerranée, l’alliance des civilisations et la diversité culturelle, tentent de cerner et de résoudre les vrais problèmes de l’heure, économiques, sociaux, migratoires, etc. d’éminentes personnalités que le CMIESI invitées des quatre coins du monde cherchent à percevoir et à comprendre ce qui est en jeu, à se mettre à la place de l’autre pour le ressentir et le comprendre. Cette approche est un signe et une manifestation de la paix. Car le dialogue est malheureusement situé entre des partenaires inégaux, des pays riches et des pays pauvres. C’est de cette angoisse criante qu’est né d’ailleurs le CMIESI.

Le CMIESI, à travers des études de cas, à travers le retour aux textes sacrés, aux travaux de la science politique, des relations internationales, de l’histoire, de la philosophie, à travers des analyses savantes, des pensées médiantes, à travers le dialogue et l’éloge fait à la culture de la tolérance, a su confirmer que les civilisations et les cultures sont par naissance porteuses d’un humanisme mondial. Les activités du CMIESI versent dans une préoccupation majeure du pourtour méditerranéen et du monde arabe en termes d’élites porteuses de valeurs de liberté, de démocratie et de développement durable.

10ème édition du Forum de Fès sur « L’investissement dans l’éducation, le savoir et la recherche scientifique : l’enjeu pour le monde arabe »

Aujourd’hui, la plupart des pays arabes sont en face de plusieurs défis. Pour cela, les Etats arabes doivent avoir des stratégies de développement bien réfléchies dans un contexte en pleine ébullition et où les attentes de la population sont énormes pour que la démocratie puisse s’installer et que les dommages collatéraux de la période d’incertitude et de transition soient réduits.

Dans cet ordre d’idées, il va sans dire que la crise du développement arabe s’est approfondie et a atteint un degré de complexité tel qu’elle requiert le plein engagement de tous les citoyens arabes dans une réforme globale afin de provoquer une renaissance humaine dans la région. Les réformes partielles, si variées soient-elles, ne sont plus efficaces, voire possibles. Peut-être ne l’ont-elles jamais été, dans la mesure où la réforme requiert un environnement social favorable. Reposant sur des données statistiques et comparatives, les deux premiers rapports du PNUD aboutissent à des conclusions dans les différents domaines économiques, sociaux, culturels et politiques. Elles ne laissent aucune place ni au simplisme ni aux constructions hâtives et peu convaincantes sur l’intrigante et exaspérante exception du monde arabe. Une étude comparative dans le premier rapport, fondée sur les facteurs de développement dans plus de 190 pays, a prouvé le rôle pivot du capital humain et sociale dans le développement. Ce facteur intervient dans une proportion de 64% alors que le capital matériel (machines, infrastructures),’intervient que dans une proportion de 16% et celui du capital naturel dans 20% seulement. Il en ressort que le retard du monde arabe dans le domaine des connaissances et de leur usage engendre une absence logique des demandes démocratiques.
Le système éducatif souffre de plusieurs carences : un enseignement de plus en plus décadent, une acquisition médiocre des savoirs, des capacités décourageantes en matière d’analyse et de créativité. A titre d’exemple : les Arabes constituent 5% de la population de monde, partagent une religion, une langue et une histoire commune, mais ne publient que 1% des livres. Le volume d’ouvrages traduits par exemple en grec est cinq fois supérieur à ceux traduits en langue arabe, alors que seulement 11 millions d’habitants parlent le Grec ; l’enseignement supérieur est de moins en moins compétitif et les niveaux de financement de la recherche sont les plus médiocres au monde. L’acquisition et la transmission généralisées de la connaissance et de l’éducation sont l’instrument sine qua non du développement et affectent les capacités de questionnement, d’exploration intellectuelle et d’initiative.

Le capital humain par le truchement du savoir, de l’éducation, contribue directement au bien-être. Il procure aux individus des avantages parmi lesquels l’amélioration des revenus du travail et l’employabilité. Il assure en définitive la croissance économique. Le capital humain se forme dans divers contextes – au sein de la famille et du foyer, dans l’environnement immédiat, sur le lieu de travail et dans de nombreux autres cadres. La sphère d’intervention des pays arabes dans le capital humain est donc très vaste mais elle constitue la panacée…
Telles sont les problématiques abordées à la 10ème édition du Forum de Fès sur « L’investissement dans l’éducation, le savoir et la recherche scientifique : l’enjeu pour le monde arabe ».

Les axes de la 10ème édition du Forum de Fès

Vendredi 22 novembre 2013
17h00 – 20h00

  • Ouverture des travaux du Forum de Fès
  • Discours officiels
  • Mots de bienvenue et diffusion d’un film documentaire
  • Conférences inaugurales

Samedi 23 novembre 2013
09h00 – 10h45
Leçons inaugurales – Séance plénière 1 :

  • Le Monde arabe à l’épreuve des changements
  • Le nouvel ordre arabe et la mise en cause des anciens équilibres institutionnels

10h45 – 12h15
Leçons inaugurales – Séance plénière 2 :

  • Les dynamiques régionales : entre continuités et ruptures
  • Dans quelle direction se déplace le balancier de la géographie des sciences au 21ème siècle ?

16h00 – 17h50
Leçons inaugurales – Séance plénière 3 :

  • Quel type d’université pour le 21ème siècle ?
  • La commercialisation des savoirs

17h50 – 19h40
Leçons inaugurales – Séance plénière 4 :

  • Les facteurs de développement entre la théorisation et la pratique
  • L’investissement dans le capital humain dans les pays arabe : Etat des lieux et perspectives

Séance plénière 5 :

  • Heurs et malheurs du système éducationnel et de la transmission des savoirs dans les pays arabes
  • Le rapport entre l’enseignement, la formation et le développement durable : études comparatives

Séance plénière 6 :

  • Employabilité et chômage dans les pays arabes : à la racine de l’herbe
  • Les compétences pour les métiers de demain

Synthèse générale – déclaration finale