GID-SANTÉ

Agricultrices, ouvrières, commerçantes, productrices de biens et de richesses, dispensatrices de soins, mères et éducatrices, les femmes sont les « sujets considérables » d’une histoire mondialisée dont les tensions économiques et idéologiques s’écrivent souvent à même leurs corps par des choix imposés ou des violences infligées. Partout, les différences de genres sont largement synonymes d’inégalités : accès à la scolarité, autonomie décisionnelle, exhaure et transport de l’eau, portage du bois, ou rétribution des activités.

Ces inégalités sont particulièrement inacceptables dans le domaine sanitaire où se conjuguent des dimensions sociales et biologiques. Malgré quelques progrès, chaque année 358 000 femmes décèdent pour des raisons liées à la grossesse ou l’accouchement, dont 204 000 en Afrique Subsaharienne où les taux de mortalité maternelle (1 100 pour 100 000 naissances vivantes), infantile (92°/°°) et néonatale (45°/°°) sont les plus élevés du monde. Données auxquelles il faut ajouter la douleur et les multiples stigmatisations liées aux avortements et les drames notamment des femmes souffrant de fistules.

Ces décès et ces pathologies – dont les causes médicales directes sont les dystocies, les hémorragies, les éclampsies et les infections – relèvent, si l’on adopte une perspective plus englobante, de trois vastes dimensions socio-sanitaires.

La première concerne la fécondité. Quand une femme européenne a en moyenne, 1.6 enfants, une femme africaine en a 5.2, multipliant évidemment d’autant le risque de mourir d’une grossesse. Pourtant, même s’il existe d’importantes différences entre les pays, en moyenne ce sont seulement 9% des femmes africaines qui utilisent une méthode contraceptive moderne.

La seconde concerne l’efficacité de la prise en charge des accouchements et des soins accordés aux nourrissons et aux jeunes enfants. Bien que des mesures efficaces pour réduire l’ensemble des décès de ces patients soient identifiées, pour diverses raisons mêlant des dimensions techniques, éthiques et organisationnelles la mortalité hospitalière ne régresse que très lentement.

Enfin, les programmes sanitaires ne sont, à l’échelle de l’histoire, qu’une des composantes des très rapides transformations sociales où s’échangent de manière mondialisée de multiples normes de conduites et confrontations de valeurs. Penser la place des propositions sanitaires dans de plus vastes mutations sociétales est indispensable.