Zéro gaspillage en Méditerranée.

Ressources naturelles, alimentations et connaissances.

L’adoption de l’Agenda 2030 a constitué le point de départ d’une nouvelle ère marquée par l’engagement ferme de la communauté internationale en faveur de nombreux changements, transformateurs et universels, en vue de parvenir au développement durable, tout en respectant les spécificités locales et régionales. Les objectifs de développement durable (ODD) visent à garantir l’inclusion et l’autonomisation de chacun. La concrétisation de cette approche inclusive de la croissance et du développement repose sur l’intégration des dimensions économiques, sociales et environnementales du développement. L’agriculture et la sécurité alimentaire jouent à cet égard un rôle majeur et figurent au cœur de l’Agenda 2030.

Le monde, et notamment la Méditerranée, est confronté à un grand nombre de défis, tels que les inégalités, les flux importants de migration de détresse, l’accès limité aux ressources naturelles (en particulier l’eau, les terres et la biodiversité) et leur mauvaise gestion. Différentes formes de gaspillage, affectant la nourriture, les ressources naturelles et les connaissances, sont intrinsèquement liées à ces défis et représentent des obstacles majeurs pour parvenir à la durabilité.

En ce qui concerne la nourriture, le monde produit aujourd’hui suffisamment de denrées pour nourrir la planète, mais un tiers de cette nourriture, soit 1,3 milliard de tonnes chaque année, est gaspillé ou perdu le long de la chaîne d’approvisionnement, entre la production agricole initiale et la consommation finale des ménages.

En outre, l’utilisation exponentielle des ressources naturelles, telles que l’eau, les terres, les forêts, la biodiversité et les ressources halieutiques, sans prise en compte suffisante des risques d’épuisement ou des impacts environnementaux, peut entraîner des crises écologiques et constituer des menaces de sécurité. Dans la région méditerranéenne, par exemple, le gaspillage de ressources précieuses comme l’eau est susceptible d’intensifier ces menaces.

Le gaspillage des ressources humaines porte également préjudice aux efforts de développement. Ce gaspillage se manifeste notamment sous les formes suivantes : chômage, manque d’accès à l’éducation, en particulier pour les femmes, fuite des cerveaux des pays en développement, disparition des savoirs locaux comme les pro- duits et pratiques d’agriculture familiale, duplication des idées sans coordinations et manque de synergies entre les acteurs concernés.

C’est dans ce contexte que nous avons l’honneur de présenter l’édition 2016 de Mediterra, qui aborde toutes ces problématiques du gaspillage et propose des solutions innovantes tout en suggérant des recommandations politiques pour la gestion durable des ressources naturelles, de la nourriture et des connaissances en Méditerranée.

C’est la première fois qu’une édition de Mediterra est élaborée sur la base d’un partenariat entre nos deux organisations : le Centre international des hautes études agronomiques méditerranéennes (CIHEAM) et l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui partagent la même vision d’une région méditerranéenne prospère.

Le CIHEAM et la FAO collaborent depuis plus de trente-cinq ans en produisant en commun des connaissances, en encourageant les dialogues et en développant des projets de coopération visant à autonomiser les petits agriculteurs et pêcheurs et à développer les capacités des différents acteurs. Il leur a récemment semblé nécessaire de renouveler leur partenariat stratégique afin de prendre en compte les recommandations adoptées en 2014 à l’occasion de la dixième réunion ministérielle du CIHEAM, à Alger, au cours de laquelle les ministres ont demandé que « la FAO et le CIHEAM puissent examiner l’hypothèse de définir un agenda stratégique de coopération commune en faveur du développement agricole, alimentaire et rural durable en Méditerranée ».

Cette édition 2016 de Mediterra est l’expression du partenariat stratégique renouvelé entre les deux organisations. Elle représente une avancée considérable vers la recherche de consensus sur les innovations et les politiques inclusives pour répondre aux défis rencontrés en Méditerranée, en particulier à l’égard du triple gaspillage des ressources naturelles, de la nourriture et des connaissances. Nous sommes convaincus que cette nouvelle édition contribuera à favoriser les synergies dans des domaines thématiques d’intérêt commun. Nous espérons que ce travail commun sera un catalyseur de l’action en faveur de la sécurité alimentaire et du développement durable dans la région, en collaboration avec les décideurs politiques et les autres acteurs de la coopération multilatérale euro-méditerranéenne.

Jose Graziano da Silva, Directeur général de la FAO

Cosimo Lacirignola, Secrétaire général du CIHEAM 

 

Télécharger le rapport MEDITERRA 2016