Bruxelles, 15/05/2017 (Agence Europe) – De la sécurité au changement climatique, en passant par la migration, la coopération politique, économique, commerciale, la numérisation et le développement durable, le large éventail des domaines du partenariat Afrique/UE renouvelé a été débattu par les ministres des Affaires étrangères de l’UE, lundi 15 mai à Bruxelles.
Ce faisant, les ministres ont dégagé un consensus sur la communication présentée par la Haute Représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la Politique de sécurité, Federica Mogherini, et le commissaire à la Coopération internationale et au Développement, Neven Mimica, pour insuffler un nouvel élan au partenariat stratégique de 2007, lors du cinquième sommet bilatéral prévu à la fin novembre 2017 à Abidjan.
Ce sera un sommet « pour faire mieux pour nos citoyens, avec une attention particulière à la jeunesse afin de lui offrir de meilleures opportunités, en Europe et en Afrique surtout. C’est le meilleur moyen de gérer la migration. C’est aussi le meilleur moyen de prévenir la radicalisation », a souligné la Haute Représentante. « Politiquement, notre intention – du côté de l’Union européenne – est d’investir beaucoup plus pour donner ce nouvel élan au partenariat stratégique », a-t-elle dit à la presse.
« La gestion des flux migratoires nécessite le partenariat et la coopération. Beaucoup de pays africains sont des pays d’origine, de transit, mais aussi de destination », a ajouté Mme Mogherini en insistant sur l’existence d’un « intérêt commun » à coopérer.
Cette session du Conseil fut l’occasion d’un échange avec Moussa Faki Mahamat, le nouveau président de la Commission de l’Union africaine, que Mme Mogherini avait rencontré à Addis Abeba juste après le début de son mandat, en mars, et qui se rendra à Strasbourg, mardi 16 mai, pour une allocution devant le Parlement européen.
Les deux parties ont exprimé leurs convergences d’approche s’agissant de la prévention de la radicalisation pour prévenir les menaces pour la sécurité, notamment en Somalie, au Sahel et en Libye – « une approche fondée sur l’appropriation de cette lutte par les sociétés africaines », a assuré Mme Mogherini.
M. Moussa Faki Mahamat a rappelé que la mission de l’UA pour la Corne de l’Afrique travaillait depuis dix ans à combattre El Shebab, « qui a été fortement réduit, avec l’aide de l’UE ». Des forces sont également engagées dans la lutte contre Boko Haram et « le G5 Sahel a décidé de mettre en place une force. Les États africains sont prêts à mobiliser des forces », a-t-il déclaré.
Invité à commenter le cadre de partenariat pour la migration entre l’UE et des pays africains, M. Mahamat a simplement répondu : « On ne peut traiter les conséquences de la migration qu’en traitant les causes. Renvoyer les gens, construire des barrières ne pourra jamais régler le problème. Nous voulons une approche holistique adéquate ».
Pour le ministre belge, Didier Reynders, « la sécurité est un élément important de la stratégie » Afrique-UE. Plus précisément, sont importantes « la sécurité, l’aide humanitaire et la recherche d’une solution politique – la première option pour sortir d’une crise ou stabiliser un pays », comme le Burundi ou la RDC.
« La relation de l’UE avec l’Afrique est d’une importance vitale. La migration en provenance de la Libye augmente. La semaine dernière des centaines de personnes ont de nouveau péri. Il est vital de travailler à résoudre cette crise migratoire », a déclaré le ministre britannique, Boris Johnson. Il a par ailleurs souligné que le Royaume-Uni s’était montré « très actif » en organisant la semaine dernière à Londres, la conférence internationale sur la Somalie pour tenter de stabiliser ce pays.
En réponse à la presse, le ministre luxembourgeois, Jean Asselborn, a estimé, quant à lui, qu’il était « faux » que l’UE cherchait avant tout à combattre la migration. « Nous ne cherchons pas seulement à endiguer la migration. Avec un pays comme la Libye, beaucoup de migrants viennent du Bangladesh, de Guinée, du Nigeria. Il n’y a pratiquement aucun Libyen qui vient en Italie. Il faut aider la Libye à trouver des solutions. Il ne faut pas limiter nos relations de manière égoïste à la migration. C’est le problème le plus grave, mais notre coopération doit être commerciale, politique et culturelle, entre l’Afrique et l’UE ».