Directeur Scientifique du GID Santé, Directeur de recherche CNRS & EHESS

BRÈVE BIOGRAPHIE 

J’ai eu, en effet la chance de découvrir les mondes de la médecine, dans l’équipe et par les travaux du Dr Ginette Raimbault qui dirigeait à l’INSERM une équipe pluridisciplinaire consacrée aux situations des enfants dans des unités de soins « de pointe » (néphrologie, endocrinologie, cancérologie). 

Parallèlement, je menais, dans une unité CNRS, dirigée par le Pr Geneviève Calame Griaule, une recherche consacrée aux représentations du corps en Afrique de l’Ouest.

Ces parcours, autant parallèles que complémentaires, m’ont emmené à contribuer à une réflexion sur l’ethnomédecine, puis sur les dimensions sociales de la santé. 

Ces travaux d’anthropologie de la santé ont ensuite trouvé à s’exprimer, grâce à l’accueil du Pr Marc Gentilini, dans des enseignements de médecine tropicale à l’Université.

Ensuite, j’ai eu la chance – dans le cadre du Ministère des Affaires Etrangères puis du CNRS – de vivre durant vingt années en Afrique de l’Ouest, d’y apprendre et travailler plusieurs langues, et surtout de pouvoir réaliser divers programmes et recherches consacrés à des pathologies ou des questions de santé spécifiques (maladies parasitaires, ophtalmologie, psychiatrie, hygiène…). 

Ces recherches fondamentales impliquées dans la résolution de questions prioritaires de santé nous ont démontré combien pour penser les interfaces entre des programmes de santé et des pratiques sociales liées à des situations socioculturelles et sociopolitiques s’exprimant dans des « facteurs de risques » il fallait entreprendre des études empiriques « par le bas ». C’est ce que nous avons réalisé de diverses manières – programmes de recherches, livres, publications, enseignements – dans les domaines de la santé maternelle, néonatale et infantile dans une dizaine de pays d’Afrique de l’Ouest. 

En résumé, mon travail consiste à construire une anthropologie rigoureuse travaillant sur des enjeux importants et analysant les interfaces entre des innovations techniques et les questions sociales que posent leur appropriation. Il s’agit ainsi, grâce à la recherche scientifique, de donner, une consistance et une réalité à la proposition « penser globalement, agir localement ». 

SA VISION DU GID 

Le GID est, d’une certaine façon, « évident ». Il s’engage dans une réflexion scientifique à propos de ces phénomènes complexes de mondialisation dont font partie les politiques et actions de « développement ». Comment ne pas contribuer à une réflexion documentée sur les mondes contemporains et se doter des outils scientifiques et méthodologiques pour penser les dynamiques de ces nouveaux espaces démographiques, techniques, culturels et sanitaires ? Produire cette réflexion implique plusieurs opérations ou axes de travail.

Tout d’abord, pour penser ces questions et ne pas « se payer de mots », il faut les documenter à la fois par un travail de synthèse des données scientifiques disponibles, mais aussi en s’interrogeant concrètement sur les dynamiques d’appropriation des innovations par les populations. 

Ce travail ne peut être que pluridisciplinaire engageant un travail d’articulation pour penser des « situations » ou des « problèmes ». La complexité des questions est ainsi une occasion d’un renouvellement de la réflexion.

SON IMPLICATION

J’ai eu la chance d’être de la première équipe du GID. Et d’une certaine façon, les travaux du GID résonnaient avec ceux que nous avions menés et continuions de réaliser. 

Plus spécifiquement, mes travaux dans le GID-Santé concernent les domaines de la Santé maternelle, néonatale et infantile. Concrètement nous avons engagé des programmes internationaux sur ces questions : (1) un programme sur les questions de fécondité et des « grossesses non-voulues » au Bénin, (2) un programme sur l’analyse des décès néonatals dans 5 pays d’Afrique de l’Ouest (3) un vaste travail sur l’amélioration de la qualité des soins, réduction de la douleur et soins palliatifs dans 7 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre. Ces programmes soutenus par divers bailleurs intellectuels attentifs à nos travaux, AFD, UNICEF, Gouvernement de Monaco, Fondation Pierre Fabre, doivent prendre de l’ampleur et réussir à conjuguer des réflexions scientifiques, des actions de terrain et des moments de réflexions partagées lors de congrès. 

Il nous faut maintenant réussir à produire de la documentation de référence sur ces approches de façon à construire une réflexion internationale scientifiquement fondée. 

Il faut affermir nos réseaux de travail et poursuivre ces liens entre amitié, confiance et rigueur des analyses.

Par ailleurs, il faut aussi penser « au-delà » de ce qu’il est convenu de nommer le « développement » aux mondes à venir qui ne peuvent se bâtir que sur une réciprocité des regards et des analyses. 

Enfin, le GID est construit sur des travaux conjoints du Nord et du Sud, et sur la mise en œuvre d’une réciprocité des regards.