Colloque: Le don
Dimensions Sociales – Pratiques Médicales – Questions Ethiques
L’échange, qu’il s’agisse du « doux commerce » des biens, des relations d’alliance ou du constant dialogue de langues, des savoirs et des valeurs, est au fondement de toutes les sociétés. Certains de ces échanges sont bâtis sur une équivalence monétaire entre un objet et son prix. D’autres échanges, notamment fondés sur la vie comme inestimable valeur, ne sont pas régis par des procédures pécuniaires mais instaurent, de fait, une relation entre celui qui offre et celui qui reçoit. En France, il en va ainsi dans le domaine médical où les dons de sang, de moelle, de microbiote, de gamètes ou d’organes sont anonymes, libres et gratuits.
Par ailleurs, de nombreux domaines médicaux techniquement « de pointe » — médecine transfusionnelle, oncologie, hématologie, greffes, procréation… — reposent sur une indispensable générosité « ordinaire » et un souci de l’autre, liés à un ensemble de jugements sur ce qu’il est « bon de faire », d’opinions, de valeurs morales partagées et d’engagements concrètement mis en œuvre.
Le dialogue entre médecine et société ouvre ainsi à divers questionnements allant du plus vaste des choix sociétaux (« gratuité » du don et des soins, PMA, législation sur le don d’organes) aux liens réels et/ou imaginaires qui se nouent entre celui qui donne et celui qui reçoit, faits de diverses représentations du corps, de sensorialités, de rapports à divers systèmes normatifs, de sentiments de responsabilité, de gratitude et parfois de culpabilité.
Étudier l’intrication complexe et plurielle des avancées médicales et des dimensions sociales du don est essentiel pour progresser dans la prise en charge des pathologies, mais aussi pour conserver au cœur de nos sociétés les valeurs morales qui les fondent.