GID-SANTÉ

L’objectif principal du GID-Santé est de contribuer à construire un espace scientifique partagé entre des équipes de recherche et des praticiens du Nord et du Sud. Ses travaux s’inscrivent dans une démarche interdisciplinaire associant les Sciences et disciplines médicales avec les Sciences Sociales. Il valorise des études « par le bas » permettant de raisonner sur les conduites et les situations effectives des soignants, des patients et des groupes sociaux concernés par un problème de santé. Les travaux ainsi réalisés ont pour but de permettre une réflexivité des professionnels et des populations sur leurs propres pratiques et d’aider ainsi à la définition des facteurs localement modifiables pour améliorer l’accès aux services de santé et la qualité des soins qui y sont prodigués.

En usant de cette démarche méthodologique, le GID-Santé travaille principalement sur trois vastes problèmes de santé.

La santé maternelle et néonatale

Agricultrices, ouvrières, commerçantes, productrices de biens et de richesses, dispensatrices de soins, mères et éducatrices, les femmes sont les « sujets considérables » d’une histoire mondialisée dont les tensions économiques et idéologiques s’écrivent souvent à même leurs corps par des choix imposés ou des violences infligées. Partout, les différences de genres sont largement synonymes d’inégalités : accès à la scolarité, autonomie décisionnelle, exhaure et transport de l’eau, portage du bois, ou rétribution des activités.

Ces inégalités sont particulièrement inacceptables dans le domaine sanitaire où se conjuguent des dimensions sociales et biologiques. Malgré quelques progrès, chaque année 300 000 femmes décèdent pour des raisons liées à la grossesse ou à l’accouchement, dont 196 000 en Afrique Subsaharienne où les taux de mortalité maternelle (724 pour 100 000 naissances vivantes) et néonatale (45%) sont les plus élevés du monde. Données auxquelles il faut ajouter la douleur et les multiples stigmatisations liées aux avortements et les drames notamment des femmes souffrant de fistules.

Ces décès et ces pathologies – dont les causes médicales directes sont les dystocies, les hémorragies, les éclampsies et les infections – relèvent, si l’on adopte une perspective plus englobante, de trois vastes dimensions socio-sanitaires.

La première concerne la fécondité. Quand une femme européenne a, en moyenne, 1.6 enfants, une femme africaine en a 5.2, multipliant évidemment d’autant le risque de mourir d’une grossesse. Pourtant, même s’il existe d’importantes différences entre les pays, en moyenne ce sont seulement 9% des femmes africaines qui utilisent une méthode contraceptive moderne.

La seconde concerne l’efficacité de la prise en charge des accouchements et des soins accordés aux nourrissons et aux jeunes enfants. Bien que des mesures efficaces pour réduire l’ensemble des décès de ces patients soient identifiées, pour diverses raisons mêlant des dimensions techniques, éthiques et organisationnelles la mortalité hospitalière ne régresse que très lentement.

Enfin, les programmes sanitaires ne sont, à l’échelle de l’histoire, qu’une des composantes des très rapides transformations sociales où s’échangent de manière mondialisée de multiples normes de conduites et confrontations de valeurs. Penser la place des propositions sanitaires dans de plus vastes mutations sociétales est indispensable.

La santé infantile et la place des enfants dans les services de pédiatrie

En Afrique subsaharienne, globalement 40% de la population a moins de 15 ans, et pour un ensemble de vulnérabilités spécifiques et de fragilités inhérente aux premières étapes de la vie, les enfants sont les principaux utilisateurs des services de santé et les principaux « bénéficiaires » des programmes sanitaires. Cependant, malgré d’importants financements les actions de développement peinent à s’inscrire dans la réalité des situations sanitaires. En Afrique, le taux de mortalité infantile reste le plus élevé de tous les continents : 79 pour mille naissances vivantes.

Donner sens à ces données quantitatives, décrire et comprendre les pratiques concrètes et quotidiennes qui les expliquent est scientifiquement et éthiquement essentiel.

Le sang, ses maladies et l’importance de la chaîne transfusionnelle

Disposer de sang et de produits sanguins est au cœur du système de santé. Sans souci d’exhaustivité, quelques chiffres suffisent pour illustrer la centralité des actions de transfusion dans la prise en charge de diverses situations de soins relevant de l’urgence ou de pathologies chroniques.

C’est ainsi que concernant la santé maternelle, « sur les 196 000 femmes qui décèdent chaque année en Afrique subsaharienne de complications liées à la grossesse, un tiers meurt d’une hémorragie » (OMS 2021).

De même, dans le cadre des maladies chroniques, « le gène codant pour la bêta-globine constitue une menace pour les populations d’au moins 40 pays de la Région subsaharienne, et dans environ 23 pays d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique la prévalence du trait drépanocytaire varie entre 20 % et 30 %.

Enfin, les nouveaux cas de cancers annuels dont la prise en charge nécessite de nombreuses transfusions, devraient passer de 650 000 en 2012 à 1 103 000 en 2030.

La prise en charge de ces pathologies ou situations sanitaires dépend largement de la disponibilité rapide et/ou régulière de sang et de produits sanguins. Or, partout il existe un hiatus entre la disponibilité de sang,  l’importance de la demande et l’urgence de sa mise à disposition.

C’est pourquoi le GID s’est donné pour objectif de documenter « par le bas » l’ensemble de cette chaîne : les pratiques de don et de prélèvement, les interactions entre les banques de sang et les services demandeurs, la question de la distribution du sang et la façon dont les malades et leurs familles se procurent du sang

Une analyse précise des difficultés et des tactiques mises en œuvre par les équipes soignantes et les familles pour prélever, conserver et distribuer du sang est indispensable pour produire un travail scientifique novateur révélant des variables non visibles à une plus vaste échelle d’analyse.

Comité Scientifique

Jaffré Yannick, Anthropologue, Directeur de Recherche Emérite CNRS & Membre du GID

Chiaroni Jacques,  Pr Hématologie, Directeur EFS-PACA, CNRS – France

Coulibaly Abdourahmane,  MCU anthropologie Fac Médecine – Mali

Deme Indou,  Pr Pédiatrie & Hématologie – Sénégal

Dicko Fatoumata,  Pr Pédiatrie – Mali

Guindo Abdoulaye,  MCU Anthropologie Fac de Lettres – Mali

Hane Fatoumata,  Pr Anthropologie – Sénégal

Kane Hélène,  MCU Anthropologie – France & Mauritanie

Le Coz Pierre, Pr Philosophe Membre Académie Médecine – France

Ouedraogo Aissata,  Pr Pédiatrie et maladies infectieuses – Burkina Faso

Sambieni N’Koué Emmanuel, Pr Anthropologie – Bénin

Zein Ekhtebenina, Médecin Oncologue – Mauritanie